lundi 27 novembre 2017

Parisienne #49

Entre à Belleville 
17h04
Baskets noirs chevilles nues
Pantalons jeans déchirés aux genoux
Cheveux très noirs bouche rouge
Isolée sous une capuche de manteau
Dans son téléphone au dos de métal
Autant de combats et d’espoirs que de zips
Sur les bras
Son visage et son corps sont du bois brun
Qui font les barques
Celles qui chavirent
Elle est un piège qui ne doit pas tomber dans d’autres pièges
Le sourire aux lèvres 
République passe
Le monde se clochardise
Dans un ghetto de luxe
Elle n’appartient à aucun monde
Sinon le sien
Sous sa capuche noire.

mardi 7 novembre 2017

Parisienne #48

18h57 jolie fille à l’anorak rouge
Qui attend devant le Purdey
Rue Guisarde
Parmi des commis de cuisine
Qui passent d’un établissement 
À l’autre
En fumant une courte cigarette
S’échangeant un bref salut
La rue est encore vide à cette heure
Tranquille soir de rien du tout
Il n’y a que moi pour remarquer
La solitude fort dénudée
De cette fille qui pourtant porte
Un anorak rouge.

vendredi 23 juin 2017

Parisienne #47

15h50 au long de la rue Saint Honoré
Dans le glougloutement de la fontaine Ludovicus XVI, étrangeté de l'eau rue de l'arbre sec
Petite jupe noire fesses hautes
Jambes nues, splendides, qui atterrissent dans des tennis
À son poignet droit étincelle quelque chose de brillant
Ses cheveux blonds s'éparpillent dans son dos
Qu'elle tient droit
Accent anglais très soigné qui s'effraie de la ville qui ne l'est pas.
Les hommes écrasés par la chaleur
La regardent passer comme les vaches le train
Elle est une fontaine à leur souffrance
Mais la fontaine tarit et la souffrance non
C'est ce qu'on nomme généralement : la singulière illusion de la vie

lundi 12 juin 2017

Parisienne #46

10h50 Daumesnil
Des jean couleur carbone
Une petite veste noire
Coupe au bol effilée
Frêle et majestueuse
Elle tape d'un seul doigt
L'écran d'un téléphone :
1 message est lancé.
2 choses sont aperçues :
Un Tote bag coloré
L'épaisseur de ses lèvres
Qui hésitent entre la balafre et le fruit déguisé.

Il faut passer le jour,
Ensuite :
Qui du baiser
Ou de celui qui le recevra sera
L'éclaireur de la nuit ?


mardi 23 mai 2017

Parisienne #45

17h16 Charles de Gaulle
Étoile
Petites baskets blanches
Jupe grise, t-shirt gris,
Ses doigts tapotent
Contre son sac 
Aux Pâquerettes vives
Autour d'elles les hommes se répandent
Sans une excuse
Pour leur grossièreté
Elle paraît 
Résignée et fragile 
Comme le sont souvent
Les femmes japonaises
Je sors de la librairie Galignani
Où je me suis réfugié dans les livres
La simplicité de sa beauté
Perpétue le combat de la grâce
Contre la laideur, 
la violence et la vulgarité 
de ce monde.

lundi 22 mai 2017

Parisienne #44

Bras nus cheveux qui descendent
En dessous des épaules
En terrasse de chez Aki boulangerie
Rue Saint-Anne
16h30
Élancée dans une robe noire
Ses bras se détachent
Comme des touillettes aux promesses d’orage
qui planent dans le fond de ciel
Elle
Boit à la paille
Une boisson verte 
Et glacée 
 - À base de Matcha ? -
La superfluité
De sa dernière histoire d’amour en date
Dont elle partage le récit
Avec une amie
La désaltère enfin.

jeudi 11 mai 2017

Parisienne #43

Blouson en cuir olive
Un Pull vert qui laisse apercevoir
Le galbe de ses seins
Elle disparaît de ma vue
À mesure que la rame
Se grège et se désa (grège)
Combien de fois ai-je préféré
Risquer de perdre l'équilibre 
Plutôt que de m'asseoir 
Et me priver
Du spectacle en mouvement
D'une présence dans le monde
Cheveux mi longs
Sombres qui se cuivrent aux pointes
Quand nos regards se croisent
L'instant d'après ils s'esquivent
Une collision
Qui renverrait 
Les deux protagonistes
À leurs couronnes d'étoiles tremblotantes 
Ma crainte de la fixer
Me renvoie à la laideur
De tout le reste
Enfin j'exagère et elle
Descend à Place d'Italie 
À 14h22
On ne peut pas faire plus précis.