Le seul i dans sa silhouette apparaît
Dans toute la souplesse
Dans toute la vigueur du i
Quand elle se dresse sur la pointe des pieds
Pour atteindre un tube de lotion pour cheveux de la marque Klorane
Dans les rayons encombrés de filles de la City Pharma rue du Four
Prix imbattables !
Ça me change
De la jeune racaille de tout à l’heure qui,
en classe aérée dans les jardins du Luxembourg,
se vantait d’avoir refait le portrait à Mary Stuart à coups de crachats.
Hey mec, même le mépris de Mary ne te vaudra jamais une statue.
Ou de l’adolescente vulgaire qui, place Saint-Sulpice, se plaint devant ses copines qu’il faut qu’elle perde des cuisses et que son problème est qu’elle ne s’assume pas en maillot de bains (j’interviens et lui dis : Ne vous en faites pas mademoiselle, moi non plus je ne m’assume pas en maillot de bains. En fait, il n’y a que les vendeurs de tissu et les touristes de l’existence qui s’assument en maillot de bains.)
Je garde en mémoire le i de sa silhouette,
Dans les rayons de la Pharma City
Le i de sa silhouette se dresse
D’une tête ou d’un point
Sur la pointe des pieds
Pour atteindre une bouteille de shampoing
Au-dessus de la laideur de tout le reste.
Pour atteindre une bouteille de shampoing