jeudi 26 septembre 2019

Parisienne #60

16h53 sous les feux tricolores
et le sourire qu’elle m’envoie
Traversant le passage piétons entre
la rue de Sèvres et le boulevard Raspail
Hésitant sur sa direction
Et se rattrapant au visage que je lui tends
Rempli d’intérêt et d’émotion
Célébrant sa beauté
Dans les courants d’air de l’instant.
Le sourire qu’elle m’envoie
Surpassant son visage anguleux sa silhouette 
Son aisance à être belle
Et qui n’a pas besoin de mendier ou définir
Des événements 
Pour être belle
Son sourire pour moi seul
Pour me dire qu’elle comprend
Ce cœur débordant mon visage
Et l’instant devenu île
Au milieu des passants
Dans le déséquilibre 
D’une hésitation
Je restaure son pouvoir
Le coeur affûtant mon visage
Parmi les rues intarissables
Et le sourire qu’elle m’offre
Pour revenir à elle-même
Pour aller de l’avant
Et sortir
De ce moment d’hésitation
Dans lequel je l’ai surprise 
Apparaître 

Toute entière.

lundi 13 mai 2019

Parisienne #59

16h30 un lundi
Blonde et volontaire 
Comme la Belgique 
Pull lilas 
Jean délavé qui laisse ses mollets libres
Nus c’est la même chose
Nus c’est la liberté 
Baskets et socquettes blanches
Elle se débarrasse d’un vélo rouge
Comme aucune fille n’a jamais osé se débarrasser d’un type
De mémoire d’après-midi 
Et après quelques essais manqués
- tant de batailles inutiles -
avec le code d’accès 
Entre au 71 
rue d’Aboukir.

vendredi 26 avril 2019

Parisienne #58

Dans le train Deauville-Paris
Jeune mère de famille 
Avec 3 enfants en bas âge
Jolie sans être belle
Ce qui au quotidien veut dire :
Sublime.
Elle a préparé des sandwichs
Pour tout le monde
(sauf pour moi)
Elle est à un siège en diagonale
De là où je me trouve 
J’aime sa longue natte de cheveux clairs
Et la petite pince noeud papillon
Qui la retient 
Chaque fois qu’elle se penche pour
Vérifier les enfants
Son t-shirt rose pâle se soulève
Son jean descend à l’opposé
Et elle offre à ma vue
Pas mal de sa peau
Ce genre de partie qui n’est pas
Des bras nus
Je détourne le regard
Même si je la trouve sublime
Par correction
J’adore comment ses converses blanches
Se tordent
Je détourne le regard
Et me demande
Si elle sait qu’à Deauville 
Sur la plage
Ils ont mis des paillotes 
Tant avec le réchauffement climatique
Ça devient la Côte d’Azur
Je me demande ce qu’elle en pense
Et du réchauffement climatique
Et du mauvais goût galopant
De tout
Et je détourne le regard
Parce que dès qu’elle fait un mouvement
À chaque fois
Sa peau se découvre
Et son t-shirt rose serré
Accentue 
Le galbe de ses seins
Et je me demande encore
Si elle ne préfèrerais pas
Comme les filles qui m’intéressent
Se faire embrasser sous la pluie
Pour toujours.

lundi 8 avril 2019

Parisienne #57

Asiatique
Des lunettes qui lui mangent une partie du visage
Un grand manteau bleu spectaculaire entre la cape et la couverture 
Un tote bag avec des dessins de biches de faon de cerfs
Un petit haut en laine décolleté (peu de seins) 
Une fée sommée de s’habiller à l’improviste 
Voilà ce qu’elle est
Lundi à
19h34 entre Place d’Italie et Quai de la gare 
Quatre stations
Et Tout serait bien bref s’il n’y avait
Les arrêts intempestifs pour régulation
Épuisants dans bien des cas,
Pas là.


vendredi 5 avril 2019

Parisienne #56

Dans la file exchange and refund
Exchange and refund
Ses cheveux miel 
Extraordinaires
J’ai aimé le pas de côté
Et la volte-face 
Audacieuse
Qu’elle a fait 
Pour voir à quoi 
Je ressemblais.
Hey mais je ressemble 
Au regard qui regarde
Tes cheveux miel extraordinaires
Dans la file 
Exchange and refund
Le pas de côté
Et la volte-face 
qu’elle a fait
Pour voir à quoi 
Je ressemblais
Et un regard encore après,
Quand elle eut accès au guichet
Un regard encore après, 
Jeté à la volée.
En fait
J’ai adoré
Ses prises de pouvoir
Successives 

Sur l’instant.

mercredi 3 avril 2019

Parisienne #55

21h00 La Tour Maubourg
Longs cheveux blonds
Entortillés
Souliers vernis
Et chevilles nues
Pantalon noir 
Sweat rouge
Nuque adorable 
Vue imprenable
Sur une bretelle
De soutien gorge
Elle fait défiler des play list 
Défiler des play list
et lisse
ses cheveux blonds 
Tandis que j’assiste
À la disparition des rouges gorges
Dans mes souvenirs.


lundi 22 octobre 2018

Parisienne #54

11h05 
Le claquement de ses bottes dans la rue Cambon
La bruine qui permet de flâner dans la ville
La blondeur effrénée de tout ce qui sent bon
Et le cœur effaré de tous ces faux rebonds

Comme si le flot des jours était un trampoline.